Une vie consacrée à l’Art et à l’esprit d’enfance

L’Atelier de la Fabrique, 1978

Ilena Grillo Cubillos est le pseudonyme d’une femme franco-colombienne. C’est celui de la conceptrice des jeux de société intergénérationnels et des albums créatifs de L’Heure du Sourire. 

Ainsi, de ses origines maternelles, elle a hérité des valeurs culturelles d’une France d’autrefois avec ses exigences de qualité. Et de ses origines colombiennes, elle a hérité un esprit nature, un don pour l’imaginaire, sa poésie et son humour.

C’est très jeune qu’elle a le projet de faire entrer l’Art dans des vies où il n’entre pas ou peu. Mais c’est après une vie de mère de famille nombreuse au foyer qu’elle peut enfin réaliser cette vocation.

Et durant 25 ans, elle a animé un atelier d’éveil à la créativité pour des enfants et des adultes, parfois touchés par le handicap intellectuel ou la maladie psychique. Les uns et les autres ont trouvé dans cet atelier le cadre qu’exige l’Art : celui pour approcher l’ordre en soi et la beauté dans un quotidien ordinaire. Et ils y ont réalisé des « œuvres » dont tirer harmonie et fierté constructives. Mais aussi, ils y ont développé attention et concentration, ouverture d’esprit et autonomie. Et finalement, que ce soit en famille, dans les relations avec les autres, à l’école et/ou au travail, leur vie s’est trouvé enrichie car plus créatrice.

              Une des dernières peintures              d’Ilena Grillo Cubillos

Avec le soutien indéfectible de la Beauté, de l’Art et de la Poésie, Ilena Grillo-Cubillos a traversé la maladie d’Alzheimer de son mari, le décès de deux de ses enfants, puis la solitude dans la maladie et les épreuves physiques de l’âge. Alors, pour résister à l’enfer(mement) de la maladie d’Alzheimer, elle a réalisé des jeux pour occuper son mari. Puis, face au trop plein d’isolement, elle a élaboré des albums-ateliers. Et tous le jours, elle s’est appliquée à elle-même leurs activités récréatives, y trouvant une heure de rencontre avec l’esprit d’enfance créateur, recueillant une heure d’apaisement, une heure de sourire.

Elle désirait rester vivante de cœur et d’esprit jusqu’au bout. C’est-à-dire créatrice d’art et de beauté, même avec les petits riens du quotidien, jusqu’à la fin de sa vie. Et c’est ce qu’elle a fait, malgré la souffrance et la tentation de se laisser glisser dans la dépression chronique. Elle est décédée en 2020 à l’âge de 88 ans.

Ce long parcours personnel a nourri son expérience. Mais une expérience à partager. Car elle était convaincue que dans chaque être humain, demeure vivant, voire lumineux et créatif, l’enfant qu’il fut autrefois tout imprégné de cet esprit d’enfance. 

Reprendre contact avec cet enfant et fêter ces retrouvailles permet bien souvent de repartir d’un bon pied. Serait-ce là une ouverture sur une vraie vie ?